Les tours de table ne sont pas réservés qu’aux start-ups en pleine expansion ou aux licornes ! Lever des fonds, c’est également possible pour les PME de l’Hexagone. Au vu de leur profil et de leurs besoins, les stratégies et déploiements seront bien différents.
Plus matures, les PME ont déjà éprouvé leur modèle économique et présentent un projet de développement plus mesuré qu’une jeune entreprise. Ces trois caractéristiques forment un ensemble bien particulier et souvent méconnu du grand public qui permettent de lever des fonds.
Quelle que soit la provenance des capitaux (filiales de banque, entrepreneur, fonds d’investissement, État), les conditions d’intervention au capital des PME sont assez similaires. FinKey vous guide dans la quête du partenaire de votre projet.
PME, pourquoi faire une levée de fonds ?
Le faible recours à la levée de fonds pour une PME s’explique en partie par un manque d’informations. Comment financer ses projets et lever des fonds ? Par quels moyens la levée de fonds pourrait-elle répondre au développement de sa structure ? À quels moments l’envisager ?
Cet exercice peut être parfaitement adapté à trois projets ou phase de développement de votre entreprise : Le développement de l’activité existante (accroissement de la production, déploiement de vos services, diffusion de vos offres, etc.) ;
– Dans une logique de croissance externe par le biais du rachat de concurrents ou build-up. Le rachat rassemble les atouts de chaque structure pour atteindre plus facilement une position de leader ;
– Pour répondre à un besoin de sécurisation de votre patrimoine lors d’une transmission. L’objectif est donc de faire entrer des investisseurs au capital de sa société qui vont accompagner la structuration et la croissance. L’objectif à terme sera de céder vos titres en même temps que les investisseurs ou racheter leurs titres, dans 4 ou 5 ans. Via un montage OBO (Owner Buy Out), le propriétaire de l’entreprise récupère une partie de la valeur des titres en flux financiers. Les fonds d’investissement peuvent intervenir dans ce type de montage pour apporter leur appui et structurer des opérations de taille significatives.
Lever des fonds pour une PME, les différentes étapes
Dans un processus de levée de fonds, il existe plusieurs points à respecter. Sachant que levée de fonds = « beaucoup d’appelés pour peu d’élus ». Elle nécessite une très bonne préparation et une disponibilité des ressources humaines conséquente. Le processus peut durer plusieurs mois.
Pour ne pas se perdre et s’épuiser, nous ne pouvons que vous conseiller de vous faire accompagner par un leveur de fonds ou une banque d’affaires. En tant que conseiller, l’expert vous aidera tout au long du processus, de l’identification des investisseurs aux négociations.
Lever des fonds en 9 étapes :
1. Formaliser sa stratégie
La phase préparatoire : au lancement, le dirigeant formalise sa stratégie et le “story telling”. Il constitue donc son business plan et son prévisionnel sur une durée minimum de 5 à 7 années selon les montages (exigences des fonds et des banques). En parallèle, il identifie les investisseurs potentiellement intéressés et clarifie son besoin de financement (ou plus globalement, son projet). L’investisseur qualifié est une structure qui est en capacité de délivrer le montant adéquat, qui connait le secteur et parfois, qui est installé à proximité.
2. L’exécutive summary
L’executive summary (exec sum’) ou one pager : la seconde étape consiste à présenter son projet en une page. Le summary sera délivré aux fonds d’investissement pour opérer une pré-sélection. Les investisseurs enthousiasmés demanderont alors un mémorandum. Ce document rassemble une synthèse de toutes les informations émanant de la stratégie : activité, organisation, produits, prévisions financières, plan de développement.
3. La rencontre avec les investisseurs
Si l’executive summary séduit, le dirigeant passe à la phase suivante : la rencontre avec les investisseurs. Il a entre 2 et 3 heures pour convaincre l’investisseur de le suivre dans son projet. De son côté, le financeur va réaliser une étude approfondie de l’entreprise et de son environnement : stratégies, marchés, concurrence… Les éléments environnementaux sont passés au crible ! L’investisseur profitera de cette rencontre pour poser toutes ses questions au dirigeant. C’est une étape cruciale, car le dirigeant doit séduire l’équipe d’investissement. À l’inverse, le financeur doit aussi faire ses preuves puisque la concurrence est rude sur le marché du private equity.
4. La lettre d’intention
Le fonds va faire savoir au porteur de projet s’il souhaite poursuivre via une lettre d’intention (ou LOI en anglais). Ce document inclut les éléments du montage financier, la valorisation de l’entreprise retenue pour l’opération et les atouts de l’investisseur lui permettant de se différencier de la concurrence. Cette lettre inclut très souvent plusieurs conditions suspensives pour que l’opération se réalise : accord du comité d’investissement, réalisation d’audit, réalité économique des chiffres présentés, bouclage du plan de financement présenté et parfois, une demande d’exclusivité. Cette demande révèle que le fonds ne poursuivra les négociations avec l’entrepreneur que s’il est le seul dans les discussions. Sachez que cette demande peut faire l’objet de négociations afin de préserver une certaine concurrence et obtenir la meilleure offre. Si sa LOI convient, le dirigeant passe à la phase d’audit.
5. La phase d’audit
La phase d’audit comprend un audit comptable, fiscal, financier, juridique et parfois organisationnel. Les dues diligences coûteuses sont menées par des cabinets externes qui peuvent soit être payées par le fonds, soit par l’entreprise.
Les auditeurs interviennent directement dans les locaux de l’entreprise pour rencontrer les équipes opérationnelles et accéder aux informations clés de l’entreprise. L’objectif de l’auditeur est d’identifier les points non normatifs de la structure et les anomalies juridiques, fiscales ou encore comptables.
6. La phase de debriefing
La phase d’audit laisse place à la phase de debriefing qui aborde les points d’amélioration, ainsi que les points de risque. Selon les conclusions, l’audit peut être une raison de la rupture des négociations (en anglais deal breaker). Le fonds d’investissement décide alors de se retirer des négociations puisque trop d’éléments de risque ont été mis en évidence.
Dans une grande majorité des opérations, cette étape n’est qu’une formalité, mais elle peut conduire à une renégociation des termes initiaux de la lettre d’intention.
7. Les négociations juridiques
L’étape suivante mène le dirigeant aux négociations juridiques. Bon à savoir : la LOI peut déjà intégrer une partie des conditions juridiques de l’opération. Elles constituent le fondement des principales clauses qui seront formalisées dans un pacte d’associés. En amont du pacte, le term sheet formalisera le montage financier et les clauses juridiques de l’opération de manière plus détaillée que la LOI . S’inscrit ensuite la négociation des accords juridiques : il est temps d’évaluer ce que le dirigeant peut faire seul et ce qui exige la participation d’un ou de plusieurs des associés. Les experts en financement FinKey vous conseillent fortement de faire appel à un avocat d’affaires spécialisé pour lever des fonds ou pour la transmission d’entreprise.
8. Le versement des fonds
Si tout est validé par les parties prenantes, les fonds sont virés sur un compte spécial d’augmentation de capital bloqué par la banque. Ce compte s’ouvre lors du lancement de la levée de fonds. D’un côté, les investisseurs injectent leurs fonds et de l’autre, le dirigeant les récupère après avoir envoyé le procès-verbal de l’Assemblée Générale Extraordinaire (PV de l’AGE) qui atteste juridiquement de l’opération. Le PV est à transmettre aux greffes du tribunal qui délivrent ensuite le dernier K-Bis constatant le nouveau capital social. Ces deux documents sont à transmettre au banquier qui transmet une attestation de dépôt de capital et peut débloquer l’argent sur le compte courant de l’entreprise. Cet évènement marque juridiquement l’entrée au capital de l’entreprise par les investisseurs.
9. Le closing
La dernière étape se nomme le closing où tous les acteurs signent les documents de l’opération et l’encaissement des flux d’investissement par l’entreprise. À noter qu’il existe un délai maximum de 14 jours pour verser les fonds après signature du PV d’AGE. Au-delà de cette durée, l’opération est caduque et l’ensemble de la documentation est à resigner.
L’ensemble du processus peut prendre entre 7 et 12 mois. Il faut donc se lancer au plus tôt.
Une fois entrés au capital, quelles sont les exigences et attentes des investisseurs pour une PME ?
Les investisseurs, et notamment les fonds d’investissement, se concentrent sur trois aspects : le juridique, le financier et l’organisationnel.
Les exigences juridiques se traduisent via le pacte d’actionnaires ou d’associés. Le document encadre les relations entre tous les associés de l’entreprise (le dirigeant, les fonds d’investissement et les actionnaires minoritaires). Ce pacte définit le rôle de chaque membre et dessine l’interdépendance des parties. Le pacte rassemble généralement une dizaine de clauses centrales qu’il est important de connaître pour le dirigeant, ainsi que des clauses d’usage.
La principale exigence financière concerne la rentabilité et le développement de l’activité de l’entreprise. Les investisseurs entrent au capital avec une logique financière, c’est-à-dire qu’ils ont pour objectif de sortir de l’entreprise sur un horizon de temps déterminé et une rentabilité cible. Pour organiser à terme la cession de leurs titres dans de bonnes conditions (la liquidité de leurs titres), ils orientent et conseillent l’entreprise avec l’objectif de développer sa valeur. Plusieurs stratégies peuvent être mises en place : développement de l’activité, diversification produit ou marché, croissance externe, digitalisation, développement technique… La performance financière de l’investissement est déterminée par la capacité du dirigeant à exécuter la bonne stratégie grâce aux financements apportés par l’investisseur.
Les exigences organisationnelles portent sur une communication régulière de la structuration de l’entreprise via des reportings. Selon une fréquence établie en amont lors des négociations des termes de l’opération, le dirigeant va remonter des informations concernant les recrutements, le chiffre d’affaires, la trésorerie, etc. Ce reporting incarne une mission supplémentaire qu’il faut anticiper et structurer pour répondre aux attentes des investisseurs. Un reporting clair est un gage de qualité pour l’investisseur.
Variées, prenantes et exigeantes, les étapes de la levée de fonds ne se font pas sans difficulté. À l’aide de professionnels, gagnez en temps et en efficacité pour toucher plus rapidement les bons interlocuteurs. Avant de vous lancer dans la levée de fonds, un dernier conseil : validez bien votre projet et gardez en tête les exigences de vos investisseurs post-levée.
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